Dossier «L'Affaire du RER D» — Le Monde | ![]() | ![]() |
A mi-parcours de son second mandat, confronté à une situation politique incommode, le président de la République devrait s'attacher à évoquer une ère nouvelle, dans la perspective des échéances de 2007, et s'employer à redonner de la cohérence à son action, alors que le ministre de l'économie vient d'expliquer les revers électoraux de la droite par le fait que les Français "n'ont pas compris où nous (la droite) voulions les emmener".
Nicolas Sarkozy, le populaire et indocile ministre d'Etat qui affiche clairement les plus hautes ambitions, a voulu marquer sa place dans le débat par une interview accordée au Monde daté dimanche-lundi. Empiétant sur les plates-bandes de Jacques Chirac et du premier ministre, le ministre de l'économie s'y est exprimé sur tous les sujets d'actualité sur lesquels le président sera conduit à parler mercredi.
Après les "réformes" menées à bien - ou en voie de l'être - par le gouvernement (retraites, Charte de l'environnement, assurance-maladie), le chef de l'Etat table sur un retour de la croissance, avec des emplois à la clé. La "cohésion sociale" devrait inspirer cette seconde partie du quinquennat, sous le thème de la "croissance partagée".
LA QUERELLE SE FOCALISE SUR LA DÉFENSE
Le président est aussi très attendu sur les difficultés d'élaboration du budget 2005, avec notamment la querelle qui l'oppose à M. Sarkozy sur les crédits militaires. Jacques Chirac devait présider mercredi matin le défilé du 14 Juillet, en compagnie du ministre de la défense britannique, Geoff Hoon, pour célébrer le centenaire de l'Entente cordiale.
Mardi, M. Chirac a préparé le terrain en avertissant que les armées devaient se préparer à des interventions extérieures et sur le sol national de plus en plus nombreuses en raison de la multiplication des menaces. "Les menaces, multiformes, ne s'amenuisent pas, et nos armées continueront à être sollicitées pour la défense de nos valeurs et de nos intérêts", a-t-il dit lors d'une réception au ministère de la défense.
Dans une interview publiée mercredi par Le Figaro, Michèle Alliot-Marie assure qu'elle ne se laissera pas "marcher sur les pieds" dans la préparation du budget 2005. "Que l'on ne compte pas sur moi pour remettre en cause les investissements prévus par la loi de programmation militaire, déclare-t-elle. Le président de la République vient d'ailleurs de réaffirmer qu'elle serait entièrement respectée."
NICOLAS SARKOZY RENFORCÉ PAR LA COUR DE JUSTICE EUROPÉENNE
Mais M. Sarkozy se trouve conforté par l'annulation, mardi, par la Cour de justice européenne de la suspension du pacte de stabilité concernat Paris et Berlin, lui qui s'efforce d'imposer des économies à tous les ministères. "La décision de la Cour de justice rappelle que les disciplines communes européennes doivent être scrupuleusement respectées par chacun", a déclaré mardi le ministre de l'économie dans un communiqué.
La Cour estime que les gouvernements de l'Union ont violé le pacte de stabilité de l'euro en le suspendant pour permettre à la France et à l'Allemagne d'échapper aux sanctions prévues contre les pays qui ne respectent pas les critères de Maastricht. En 2003, les deux pays avaient dépassé pour la deuxième année consécutive le seuil des 3 % du PIB autorisé.
M. Chirac devra aussi arbitrer sur les 35 heures, après les propositions de "réforme profonde" émises par le ministre des finances. Selon son entourage, le chef de l'Etat ne devrait pas aller aussi loin, mais opter pour de nouveaux assouplissements. Il devrait également s'exprimer sur le service minimum dans les transports publics à la lumière du rapport d'experts recommandant une déclaration individuelle préalable à la grève.
Après son appel au "sursaut" des Français face à l'antisémitisme, il devrait aussi plaider pour une société de respect et de tolérance. Enfin, M. Chirac pourrait aussi lever un coin du voile sur ses intentions concernant la ratification de la Constitution européenne.
Lemonde.fr, avec AFP et Reuters